Les cinq cent vingt-huit registres paroissiaux conservés aux Archives municipales proviennent, comme leur nom l’indique, des seize anciennes paroisses de Nantes supprimées à la Révolution.On leur à joint pour plus de commodité les registres des hôpitaux et des aumôneries, ainsi que les registres des protestants.
Le 20 septembre 1792 est promulguée la loi « qui détermine le mode de constater l’état civil des citoyens ». L’article premier du titre VI de ce texte enjoint au maire ou aux officiers municipaux « de se transporter avec le secrétaire-greffier, aux églises paroissiales, presbytères et aux dépôts des registres de tous les cultes » pour clore les registres en cours et dresser l’inventaire de tous les registres existants. Ceux-ci seront portés et conservés dans la maison commune (titre VI, article 2).
Les opérations d’inventaire et de collecte sont menées à Nantes dès le début de novembre 1792 suivant le calendrier ci-dessous :
- 1er novembre 1792 : paroisses réunies à la cathédrale Saint-Pierre (Notre-Dame, Saint-Denis, Saint-Jean, Saint-Laurent, Saint-Léonard, Sainte-Radegonde, Saint-Vincent),
- 2 novembre 1792 : paroisses Saint-Clément, Saint-Nicolas, Notre-Dame de Chézine ; Sanitat,
- 3 novembre 1792 : paroisse Saint-Donatien,
- 4 novembre 1792 : paroisses Sainte-Croix, Saint-Jacques, Saint-Saturnin, Saint-Similien, Toussaint ; Hôtel-Dieu.
Les registres de la religion réformée rejoignent les registres paroissiaux dès la mi-novembre, et ceux des religieuses Clarisses en décembre.
On conserve en série E les procès-verbaux dressés en novembre 1792 : ces feuilles volantes manuscrites constituent le premier inventaire des registres paroissiaux, dont le véritable classement a été effectué en 1899 par l’archiviste Stéphane de la Nicollière-Teijeiro (GG 1-528).
Dès 1899, Stéphane de La Nicollière a mis en évidence l’étonnante richesse de la collection des registres paroissiaux de Nantes, « lune des plus curieuses collections, parmi celles du même genre, des autres villes de France ». A la fin du XVIe siècle, en effet, les quatorze anciennes paroisses de Nantes enregistrent toutes les baptêmes (trois depuis le XVe siècle), neuf les mariages et dix les sépultures. L’inscription des actes paroissiaux à Nantes a généralement précédé les prescriptions royales.
Baptêmes :
Dès 1406, l’évêque de Nantes Henri le Barbu enjoint aux curés de tenir des registres de baptêmes. Cinq paroisses obéissent :
- Saint-Nicolas 1467
- Sainte-Croix 1480
- Saint-Clément 1486
- Saint-Saturnin 1527
- Saint-Similien 1532
Au XVIe siècle, le pouvoir royal reprend à son compte cette obligation par l’ordonnance de Villers-Cotterêts, d’août 1539, qu’appliquent cinq paroisses nantaises :
- Saint-Jacques 1539
- Saint-Denis 1549
- Saint-Donatien 1552
- Saint-Laurent 1565
- Saint-Vincent 1569
Et par l’ordonnance de Blois, de mai 1579, suivie par les quatre dernières paroisses sans registre :
- Saint-Léonard 1580
- Notre-Dame 1585
- Sainte-Radégonde 1594
- Saint-Jean 1599
Mariages :
Aucun texte ne prescrit l’enregistrement des mariages avant l’ordonnance de Blois de 1579. Pourtant trois paroisses nantaises consignent déjà ces actes :
- Saint-Laurent 1565
- Saint-Nicolas 1573
- Saint-Clément 1574
L’ordonnance de Blois elle-même est mise en application par dix autres paroisses :
- Saint-Denis 1586
- Sainte-Croix 1588
- Saint-Vincent 1590
- Saint-Donatien 1591
- Saint-Similien 1595
- Saint-Léonard 1598
- Saint-Saturnin 1601
- Saint-Jacques 1602
- Saint-Jean 1617
- Notre-Dame 1629
Seule la paroisse Sainte-Radégonde attendra 1669 pour inscrire les mariages, à la suite de l’ordonnance de Saint-Germain-en-Laye, ou code Louis (avril 1667)
L’ordonnance de Saint-Germain-en-Laye (1667) ou code Louis, apporte néanmoins une innovation considérable : si jusqu’alors les paroisses enregistraient séparément baptêmes, mariages, sépultures, à partir de 1668 toutes ouvrent un même registre tenu en double pour les différents actes, disposition qu’abolira l’état civil.
Sépultures :
Deux paroisses nantaises ont anticipé sur l’ordonnance de Blois pour enregistrer les sépultures :
- Saint-Saturnin 1564
- Saint-Laurent 1575
Dix autres ont appliqué l’ordonnance :
- Saint-Denis 1585
- Saint-Similien 1585
- Saint-Nicolas 1586
- Saint-Vincent 1590
- Sainte-Croix 1591
- Saint-Clément 1592
- Saint-Donatien 1597
- Saint-Léonard 1598
- Saint-Jacques 1608
- Notre-Dame 1625
Enfin, deux paroisses ont attendu le code Louis de 1667 pour ouvrir les registres de sépultures :
- Sainte-Radégonde 1669
- Saint-Jean 1673
Répertoire des actes paroissiaux :
Les tables des registres paroissiaux qui existent sous l’Ancien Régime sont dues à l’initiative personnelle des curés : elles sont donc peu nombreuses. Sept paroisses nantaises en possèdent : Sainte-Croix, Saint-Denis, Saint-Donatien, Saint-Jacques, Saint-Léonard, Saint-Nicolas, Saint-Saturnin.
Les variations orthographiques des noms, mais surtout le choix du classement alphabétique par prénoms, qu’adoptent certaines paroisses, rendent peu aisé le maniement de ces répertoires. Les tables décennales dressées rétrospectivement par les Archives dispensent du recours aux anciens répertoires pour la période 1730-1792.
Registres protestants :
Si le premier synode national de mai 1559 institue l’état civil protestant, la révocation de l’édit de Nantes en 1685 met fin à cette mesure en interdisant l’exercice de la Religion Prétendue Réformée. Seuls sont désormais enregistrés les décès des protestants étrangers morts dans les ports du royaume (arrêt du conseil du 24 mars 1726). Cette prescription est suivie dès 1739 à Nantes, où l’on consigne en outre, à partir de 1770, les mariages et les naissances des protestants étrangers.